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Remobiliser pour reconstruire

Remobiliser pour reconstruire

Le 11 juin 2025

Le programme Entreprendre sa Liberté a organisé le 10 juin une journée collective riche en partages et en réflexions. Ce temps fort a permis de mettre en lumière les parcours de jeunes accompagnés dans leur réinsertion par l’entrepreneuriat, ainsi que les dynamiques collectives qui favorisent leur remobilisation.

Après une matinée de co-développement entre associations lauréates, la journée s’est poursuivie par les témoignages de Matisse et Novin, deux jeunes accompagnés dans leur parcours de réinsertion, aux côtés de leurs accompagnatrices, Estelle Allegre (Foyer Matter) et Myriam Tafer (Apprentis d’Auteuil).

Matisse, après plusieurs années de détention, a trouvé dans la création d’entreprise une voie de transformation. Son projet : lancer une activité de ramonage et fumisterie, un domaine dans lequel il a déjà travaillé. Grâce à une formation de sept mois suivie depuis sa cellule et un accompagnement bienveillant de l’association Foyer Matter, il a pu amorcer un changement profond de système de valeurs. « J’ai accepté l’aide des gens », confie-t-il, soulignant l’importance de l’entourage dans ce processus.

Novin, quant à lui, est en formation dans la restauration rapide. Accompagné par les Apprentis d’Auteuil, il travaille à sa réadaptation au monde extérieur et à la construction progressive de ses projets. Son cheminement illustre la nécessité de retrouver confiance en soi pour avancer.

Les accompagnatrices rappellent que le parcours reste semé d’embûches : « Le sac à dos est plus chargé quand on vient du monde carcéral », souligne Estelle Allegre, chargée de mission au sein de l’association Foyer Matter. Mais les jeunes accompagnés deviennent peu à peu des figures inspirantes pour d’autres.

Une table ronde a ensuite réuni plusieurs acteurs engagés dans la remobilisation des personnes détenues ou en rupture avec le monde du travail :

  • Leïla Delannoye, sociologue à la Direction Interrégionale Services Pénitentiaires de Marseille, a présenté l’Ecollectif, un collectif de mobilisation citoyenne au sein du centre pénitentiaire des Baumettes. Ce groupe permet aux personnes détenues de débattre de sujets sociaux et environnementaux, dans une démarche réflexive et critique.
  • Karim Mokhtari, ancien détenu et fondateur de l’association Cent Murs, a partagé son expérience de désistance, processus par lequel l’auteur d’une infraction sort de la délinquance ou de la criminalité. Il insiste sur la nécessité de valoriser la « matière brute » que représente la colère ou la détermination des personnes détenues, pour en faire une force de transformation.
  • Paul Ménager, coordinateur territorial de l’association Osons Ici et Maintenant, a présenté le programme Katapult, qui accompagne des jeunes de 16 à 25 ans en rupture scolaire ou sociale. Il souligne l’importance d’un cadre bienveillant, d’un accompagnement individualisé et d’un « préjugé positif » pour permettre à ces jeunes de passer de « je me cherche » à « je m’autorise à ».

Cette journée a mis en lumière les leviers essentiels pour accompagner les parcours de réinsertion : la confiance, la valorisation, la solidarité, et surtout, le temps. Le système reste parfois lent, les démarches longues, mais les témoignages entendus montrent que le changement est possible, dès lors qu’on croit en la capacité de chacun à se réinventer.

En célébrant les parcours, en créant des espaces de parole et d’engagement, Entreprendre sa Liberté continue de faire émerger des trajectoires inspirantes, et de bâtir des ponts entre l’univers carcéral et la société grâce à l’entrepreneuriat.