Podcast RTL

Le 10 juillet 2025

La générosité des Français est-elle victime de la conjoncture économique ?

Dans un contexte économique tendu, marqué par l’inflation, l’incertitude et la prudence budgétaire, une question se pose : la générosité des Français est-elle en déclin ? C’est le thème abordé dans l’émission Tout Savoir Sur de RTL, à laquelle a participé Elisabeth Da Souza, Directrice générale adjointe de la Fondation Entreprendre, aux côtés de Pauline Hery (France Générosités) et Vanessa de Lauzainghein (Fondation Apprentis d’Auteuil).

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, un Français sur deux a fait un don, pour un montant moyen de 364 €. En 2022, le montant des dons atteint les 9 milliards d’euros. Si le nombre de donateurs reste stable, le montant des dons, lui, tend à diminuer. Un phénomène qui s’explique en grande partie par la conjoncture économique. Pourtant, paradoxalement, certaines périodes de crise ont vu une hausse des dons : +7 % en 2024 par rapport à 2009, et même +22 % au premier trimestre 2025.

Ce paradoxe révèle une vérité profonde : plus la situation est difficile, plus l’élan de solidarité peut se manifester. Mais cet élan doit être nourri, encouragé, valorisé.

Comme le souligne Elisabeth Da Souza, il est essentiel de revaloriser l’acte de don, de rappeler qu’il ne s’agit pas seulement d’un geste financier, mais d’un acte citoyen, porteur de sens et de lien social. Peu importe le montant : chacun, selon son histoire et sa sensibilité, peut contribuer à sa manière.

Une générosité qui évolue, portée par toutes les générations

Le profil du donateur évolue. Si la population donatrice reste majoritairement âgée (âge moyen : 62 ans) et aisée, les jeunes générations s’engagent de plus en plus, avec des formes de dons plus diversifiées et connectées à leurs valeurs. Les causes les plus soutenues restent constantes : santé et recherche, aide aux plus démunis, défense des animaux, jeunesse et éducation. Des causes qui résonnent avec les préoccupations actuelles et qui appellent à une mobilisation collective.

À la Fondation Entreprendre, nous constatons que de plus en plus d’entrepreneurs, dès 30 ou 40 ans, associent leur réussite à un impact sociétal. Pour eux, la réussite est plus belle quand elle est partagée. Ils souhaitent transmettre, soutenir des entrepreneurs plus vulnérables, et ainsi contribuer à une société plus inclusive.

Et si on osait se dire philanthropes ?

Face à la baisse des dons individuels, le mécénat d’entreprise apparaît comme un moteur de générosité en pleine expansion. Aujourd’hui, 9 % des entreprises françaises sont mécènes, dont 97 % sont des TPE-PME, souvent très ancrées localement. Leur engagement va au-delà de la RSE : il s’agit d’un véritable choix de contribution sociétale, d’un désir de faire sens et de participer activement à la transformation sociale.

Le mot « philanthropie » est parfois perçu comme désuet ou réservé aux grandes fortunes. Pourtant, comme le rappelle Elisabeth Da Souza, il mérite d’être réhabilité. Être philanthrope, c’est avant tout s’engager avec son cœur pour une cause, quelle que soit l’ampleur du don. C’est une manière d’être, de transmettre des valeurs, de se préoccuper du monde qui nous entoure. On sent chez les donateurs une volonté de rassembler, de transmettre, de faire société.

Oui, la générosité est mise à l’épreuve. Mais non, elle n’est pas en déclin. Elle se transforme, s’adapte, se diversifie. Et surtout, elle reste profondément ancrée dans le cœur des Français. Comme le dit si justement Elisabeth Da Souza :

Je suis convaincue que la générosité sera toujours présente pour soutenir toutes nos causes.