Le Déclic

Le 21 mai 2025

Entreprendre sa Liberté : quand la parole et l’action redonnent confiance et ouvrent la voie à l’entrepreneuriat

Dans un monde où la réinsertion sociale et professionnelle reste un défi majeur, deux associations unissent leurs forces pour faire émerger des parcours inspirants. Lauréats du programme Entreprendre sa Liberté, Activ’Action et Toi-Même Tu Parles portent ensemble le projet « Le Déclic ». Leur ambition ? Accompagner les personnes placées sous main de justice à retrouver confiance en elles, à développer leurs compétences psychosociales et à se projeter dans un avenir porteur de sens.
Rencontre avec Marie Tocco, chargée de projet pour l’association Activ’Action et Valentine Demuizon, directrice de l’association Toi-Même Tu Parles

Pouvez-vous nous présenter vos associations et leurs missions ?

Activ’Action

L’association Activ’Action a pour objet de transformer les périodes de non-emploi en des expériences constructives pour l’individu et la société. Notamment en luttant contre les risques psychosociaux liés au chômage.

Nos missions principales sont :

• l’accompagnement des personnes vers l’emploi, l’entrepreneuriat et/ou l’engagement citoyen via des ateliers, des formations et des communautés d’entraide
• la formation des professionnels de l’accompagnement vers l’emploi/l’entrepreneuriat

Depuis 2014 nous avons touché 35 000 participants bénéficiaires dans près de 600 communes en France et en Belgique. 97% ont amélioré leur santé mentale, 80% ont développé au moins 3 compétences psychosociales, 81% ont débuté un projet professionnel (emploi, entrepreneuriat, engagement citoyen). Nous avons également formé 520 professionnels.

Toi Même Tu Parles

Toi-Même tu parles vise à ce que la prise de parole en public soit un levier de reprise de confiance en soi. L’activité de l’association est de proposer des ateliers ludiques, bienveillants et participatifs qui visent à (re)donner confiance aux bénéficiaires dans leur parole. Nos actions touchent les publics les plus fragiles, et les plus éloignés de la pratique et de la formation à la prise de parole : personnes placées sous main de justice (PPSMJ), personnes réfugiées, jeunes des quartiers prioritaires… En 2024-2025, nous avons touché 400 bénéficiaires (jeunes PPSMJ, salarié.e.s des chantiers d’insertion, personnes réfugiées…).

En quoi consiste le projet “Le Déclic” soutenu par Entreprendre sa Liberté ? Quels sont les objectifs ?

Le projet que nous co-portons vise à développer les compétences psychosociales, la prise de parole et la posture d’entrepreneuriat. Nous réalisons deux parcours de 6 à 12 ateliers, à la fois en milieu fermé – à la Maison d’arrêt de Strasbourg – et en milieu ouvert – au Centre de Semi Liberté de Souffelweyersheim et en placement extérieur, pour favoriser une logique d’action dedans-dehors.

Notre accompagnement se structure autours de 3 grands axes :

• Des ateliers de développement des compétences psychosociales et de la capacité d’agir
• Des rencontres inspirantes avec des entrepreneurs locaux et des acteurs de l’accompagnement
• Un suivi personnalisé post atelier

L’objectif principal de nos parcours est de travailler sur les compétences essentielles à la remobilisation, au changement, et à l’envie d’entreprendre de nouveaux projets :

• en identifiant ses qualités et ses sources de motivation,
• en développant une posture réflexive sur soi-même, sur ses forces et ses axes d’amélioration ;
• en développant sa capacité à exprimer ses émotions et idées de manière constructive et à structurer son propos.

Le programme vise à travailler la confiance en soi, l’habileté à s’exprimer auprès des autres et à oser parler de soi, de ses compétences et de ses projets, pour se sentir légitime et capable “d’entreprendre sa vie”.

Nous avons pensé cette action comme un tremplin pour les personnes. Nous créons la rencontre entre eux et les différents acteurs du territoire, afin qu’ils aient l’occasion de mettre en pratique leurs compétences psychosociales et de développer un nouveau tissu relationnel. Pour ça, nous mobilisons notre réseau d’entreprises et d’entrepreneurs locaux afin qu’ils viennent à la rencontre des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) que nous rencontrons. Nous prenons donc le rôle de facilitateur entre les PPSMJ et les différents acteurs de l’écosystème : entreprises, entrepreneurs, associations, administration pénitentiaire, etc.

Quelles sont les principales motivations qui vous ont poussé à collaborer sur ce projet ?

La collaboration est une valeur chère pour nos deux associations : nous l’avons éprouvée et nous l’éprouvons encore dans d’autres de nos projets. Nous collaborions déjà ensemble depuis 2022 et le soutien de la Fondation Entreprendre nous a permis de développer un projet plus ambitieux et plus pérenne, en y ajoutant un axe de recherche et développement.

Nous sommes convaincus que la collaboration et la mise en commun des forces et des expertises sont des leviers essentiels dans la pérennité et l’efficacité des actions, mais aussi et surtout dans l’émergence d’innovations sociales.

Sur ce projet plus spécifiquement, la collaboration a d’autant plus de sens que l’ambition est élevée, le fait de collaborer multiplie donc les chances d’atteindre nos objectifs.

Quels résultats espérez-vous atteindre et quels sont vos souhaits pour le succès de ce projet ?

Nous espérons que ce dispositif donnera aux personnes qui y participent les compétences et la confiance nécessaire pour développer leur capacité à agir et entreprendre leur vie, dans le respect des autres. Que les rencontres, les échanges interpersonnels et les connaissances qui leur seront apportées nourriront leurs envies d’initier ou de poursuivre des projets qui les motivent, et à terme, de limiter les risques de récidive.

Nous travaillons également beaucoup sur les questions de mesure d’impact et capitalisation de méthode, c’est pourquoi nous espérons que les méthodes que nous développons et que nous allons encore développer puissent se diffuser, être réutilisées et reconnues.