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Grand Angle

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Le 27 janvier 2025

A l’heure où notre société est bousculée sur le plan politique, démocratique et environnemental, la Fondation Entreprendre donne la parole à David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po, DG de Ascend-Partners.  Il partage son point de vue et ses convictions sur le levier entrepreneurial.  

David Djaïz : Nous assistons actuellement à une dissolution de nos repères. Nous faisons face à des instabilités politiques, géopolitiques avec des pays en conflits comme l’Ukraine, proche de nous. Les murs porteurs que sont les gouvernements sont aussi affaiblis.  

Il est donc intéressant de constater que l’entreprise est un lieu de cohésion. L’entreprise se révèle un lieu de continuité et de stabilité, qui ne dépend pas d’alternances pouvant freiner son action. C’est aussi le lieu du temps long, elle peut se projeter à horizon 10, 15 voire 20 ans. Les entreprises familiales ainsi que les entreprises détenues par leurs salariés, sont des modèles dotés d’une résilience plus importante que les entreprises dépendantes de fonds ou d’actionnaires extérieurs.  

Parmi les enjeux de la crise climatique, l’un des objectifs est d’éliminer les émissions à effets de serre pour arriver à un net zéro en 2050. Il y a quatre leviers d’action : la sobriété qui doit s’appuyer sur le comportement citoyen, la modification des infrastructures existantes (s’orienter davantage vers des réseaux ferrés par exemple), l’innovation technique (bâtiment neufs bas carbone ou à énergie positive, le nouveau nucléaire…) et l’innovation sociale. Il y a un très bel exemple d’innovation sociale avec le covoiturage qui a été porté par Blablacar. Cette entreprise a réussi à faire évoluer les habitudes sociales. Les deux derniers leviers, essentiellement portés par des initiatives entrepreneuriales, sont donc clés pour répondre aux défis actuels.  

David Djaïz : La clé réside dans notre capacité à inventer de nouvelles actions, de travailler sur l’hybridation des modèles.

Il y a une énergie entrepreneuriale, associative, citoyenne immense dans notre pays pour répondre aux enjeux des territoires. Pour lui permettre de se structurer et de se développer, il serait nécessaire de repenser le droit de la coopération. Aujourd’hui, les régimes statutaires et juridiques ne permettent pas de déployer pleinement des initiatives et des actions reposant sur une coopération nécessaire entre acteurs du territoire.  

Soutenir la cause entrepreneuriale est un combat de tous les jours. L’entrepreneuriat peut être dépositaire d’un lieu de stabilité. Les entreprises ont surement la capacité à développer des solutions et apporter des réponses aux défis qui nous entourent.

Pour autant, l’entreprise n’est pas là pour suppléer le rôle d’un gouvernement, il ne faut pas céder à la tentation de surcharger les entreprises. Elles doivent conserver la force du collectif humain, garant des principes de cohésion, de stabilité et de temps long, mais elles ne peuvent pas porter sur leurs épaules toutes les attentes sociétales et environnementales. Il faut inventer un partage des tâches.

Ces trois principes nous font défaut et ils sont pourtant essentiels à faire vivre dans notre société.

A propos de David Djaïz : David Djaïz est l’auteur de nombreux ouvrages, dont La Révolution Obligée, ouvrage co-écrit avec Xavier Desjardins et publié début 2024. Pour en savoir plus sur son parcours : https://www.daviddjaiz.fr/