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Perspective entreprendre

Perspective entreprendre

Le 22 septembre 2025

À travers le programme Entreprendre sa Liberté, la Croix-Rouge française et son accélérateur d’innovation sociale, 21, proposent un accompagnement inédit à destination des personnes condamnées à une peine de travail d’intérêt général. Objectif : leur permettre de reprendre confiance, de développer leurs compétences et, pour certaines, de concrétiser un projet entrepreneurial.

Rencontre avec Gaël Rabiers du Villars, responsable du programme Prison-Justice à la Croix-Rouge française, et Laure Ménager, responsable de programmes d’innovation à 21, autour du projet Perspective Entreprendre.

Gaël Rabiers Du Villars : Je suis responsable du programme Prison-Justice à la Croix-Rouge française. Ce programme s’inscrit dans la direction de l’inclusion, qui œuvre pour l’accès aux droits et aux biens essentiels. Nous intervenons aussi bien en milieu fermé qu’ouvert auprès des personnes sous main de justice, avec une approche transversale : santé, lutte contre la précarité, lien social, insertion…

Laure Ménager : Je suis responsable de programmes d’innovation à 21, l’Accélérateur d’innovation sociale de la Croix-Rouge française et de Nexem. Nous portons des programmes thématiques pour répondre aux enjeux de l’association et du secteur du soin et de l’accompagnement social, à travers deux axes : l’intrapreneuriat pour les salariés et bénévoles de la Croix-Rouge française et des adhérents Nexem, et l’accompagnement d’entrepreneurs externes dont les solutions peuvent répondre aux besoins des personnes vulnérables. Nous avons aussi lancé un incubateur inclusif, qui s’adresse aux publics accompagnés par la Croix-Rouge française, notamment les personnes sous main de justice, pour leur faire découvrir l’entrepreneuriat et leur permettre de développer leur projet.

Gaël : Cela faisait sens de s’associer à 21, avec qui nous avons une relation de confiance et une culture de travail commune. Même si nous n’avions pas encore de projet aussi abouti que Perspective Entreprendre, nous avons vu une opportunité de cibler le milieu ouvert, plus accessible, et de promouvoir les peines alternatives comme le travail d’intérêt général. L’objectif était de sensibiliser, mais surtout de renforcer les compétences psychosociales des personnes sous main de justice, pour contribuer à leur réinsertion.

Laure : Le programme Entreprendre sa Liberté nous permettait de croiser nos expertises. C’était une manière concrète de proposer un accompagnement entrepreneurial à des publics souvent éloignés de ce type de démarche, tout en s’inscrivant dans une logique d’inclusion.

Laure : Le projet se décline en deux volets. D’abord, des ateliers de sensibilisation à l’entrepreneuriat sur trois jours, pour identifier les personnes sous main de justice qui ont une idée, une envie d’entreprendre. Ensuite, un programme d’incubation de 12 mois, destiné à celles et ceux qui souhaitent concrétiser leur projet. Ce parcours comprend un accompagnement individuel, du mentorat métier, des sessions collectives et des modules thématiques adaptés aux besoins de chacun.

Gaël : C’est une démarche complète, qui vise à outiller les participants dans la création de leur structure, mais aussi à leur redonner confiance, à mieux se connaître, et à créer une passerelle vers une réinsertion durable.

Laure : L’incubation devrait démarrer à partir de janvier 2026, avec une première promotion de 4 à 6 personnes. L’objectif final est d’aboutir à la création d’entreprise pour les personnes accompagnées, mais si nous parvenons à les mobiliser autour d’un projet qui a du sens, élargir leur horizons professionnels, et les aider à reprendre confiance en eux, nous aurons déjà réussi.

Gaël : L’objectif est aussi de tester un modèle d’accompagnement qui pourrait être répliqué. Si nous parvenons à démontrer que l’entrepreneuriat peut être un levier de réinsertion pour ce public, grâce au collectif Entreprendre sa liberté, cela pourrait ouvrir la voie à d’autres initiatives similaires.

Laure : Un an après le début du programme Entreprendre sa liberté, nous sommes fiers de voir les premiers impacts sur les personnes accompagnées lors des ateliers. Certaines personnes ont souhaité poursuivre par un accompagnement social et professionnel ou bien rejoindre le programme d’incubation proposé par 21, ce qui montre que le projet a un impact concret. Quant à la suite, rien n’est figé, et nous ajustons nos méthodes en fonction des retours du terrain.

Gaël : C’est un projet enthousiasmant, avec un caractère expérimental stimulant. Il nous permet de faire des choses nouvelles dans un cadre souple, bienveillant et à l’écoute. Être intégrés à un collectif d’associations est rassurant : nous partageons les mêmes constats, et nous apprenons les uns des autres.