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Nos questions à Nicolas Hazard

Nos questions à Nicolas Hazard

Le 27 janvier 2022

Point d’éclairage sur le plan d’action de la commission européenne sur l’économie sociale et solidaire. 

 Nicolas Hazard, entrepreneur engagé et conseiller spécial en charge de l’économie sociale et solidaire auprès de la Présidente de la Commission européenne, nous partage ses convictions.

A l’heure où la France prend la présidence du Conseil de l’Union Européenne, pouvez-vous nous éclairer sur le plan d’action pour l’économie sociale et solidaire de la Commission Européenne ?  

Ce plan d’action part d’un postulat en forme de constat :  tournée vers l’intérêt général,  l’Économie sociale et solidaire est un atout pour construire une économie européenne innovante, créatrice de richesses et d’emploi, mais qui répond aussi aux grands enjeux que sont la lutte contre les inégalités et la préservation de notre environnement. Avec le commissaire Nicolas Schmit, nous avons choisi de travailler autour de 3 axes majeurs : d’abord améliorer les cadres légaux pour libérer le développement de l’ESS. Ceci en favorisant le partage des bonnes pratiques européennes et l’accès des organisations de l’ESS aux marchés et commandes publiques ainsi qu’aux aides d’Etat. Ensuite mettre à leur disposition des outils leur permettant de démarrer et se grandir : nouveaux produits financiers dans le cadre de INvesEU, fonds spécifique dédié à l’innovation sociale, renforcement du programme « jeunes entrepreneurs de Erasmus+ », portail unique dédié aux acteurs de l’ESS… Enfin, veiller à ce que l’ESS et son potentiel soient reconnus à leur juste valeur, à travers une série d’événements et d’études spécifiques dans les mois et les années à venir. Le tout avec une feuille de route ambitieuse puisque toutes ces actions devront être mises en place d’ici à la fin 2023.

 

En tant qu’acteur engagé en faveur de l’économie écologique et solidaire, quels sont pour vous,  les leviers qui permettent de faire bouger les lignes en faveur d’une société inclusive et durable ?  

Avant tout, il faut faire confiance aux individus : notre pays regorge de talents, de femmes et d’hommes qui entreprennent, innovent, se démènent au service de leur territoire, de leur pays. Face à l’urgence climatique et à l’accroissement des inégalités, ils inventent chaque jour des solutions nouvelles, capables d’être répliquées à grande échelle. Qu’ils soient élus locaux, entrepreneurs ou encore simples citoyens, beaucoup essaient au quotidien d’inventer à leur manière la France de demain. Il est également impératif de mieux financer – via l’investissement à impact notamment – les entrepreneurs qui développent des modèles qui répondent aux grands défis de notre temps :  énergies renouvelables, économie circulaire, agriculture biologique, circuits-courts, commerce équitable, auto-partage. Face aux multiples crises que nous traversons, ils apportent des solutions « clés en main », en passe de devenir la norme. Enfin il nous faut revoir complètement la manière dont nous nous formons : nous ne sommes pas suffisamment préparés aux bouleversements que le monde du travail va rencontrer dans les années à venir sous le coup d’évolutions technologiques qui ne cessent de s’accélérer et des changements de paradigmes économiques engendrés par le changement climatique. Si nous voulons que chacun trouve sa place dans l’économie de demain, il faut permettre à chacun de s’y former.

 

La Fondation Entreprendre a mis en place le programme Entreprendre la ruralité, pour permettre par l’entrepreneuriat, de redynamiser des bassins de vie, créer de la valeur en s’appuyant entre autres, sur les savoir-faire existants et l’innovation sociale. Quelles convictions portez-vous sur l’enjeu de rendre l’entrepreneuriat plus accessible dans les territoires ?

Il me semble que le moyen le plus efficace pour initier le changement est celui du retour au local. En matière d’énergie, de mobilité, d’urbanisme, d’agriculture, d’accès aux services publics : c’est à cette échelle que les alternatives s’élaborent, que les acteurs transforment radicalement le développement économique et la façon dont nous consommons. Les plus beaux projets d’économie circulaire ou de production d’énergie citoyenne par exemple sont avant tout des initiatives locales. Elles sont le symbole de ce que le local peut appliquer au global. Ce potentiel est aujourd’hui sous-estimé et sous-exploité : il faut en effet permettre à toutes celles et ceux qui souhaitent entreprendre dans les territoires de pouvoir de lancer et développer leur activité. A l’heure où l’on parle en permanence des licornes françaises, n’oublions pas les licornes rurales, non-délocalisables, pourvoyeuses d’emplois sur des secteurs d’avenir comme la transition écologique, catalyseurs d’innovation et de collaborations à l’échelle locale. Elles sont une chance pour notre pays, il faut les soutenir.

 

A propos de Nicolas Hazard

Nicolas Hazard est un entrepreneur français. Il a créé et dirige INCO, un groupe mondial qui construit une nouvelle économie, écologique et solidaire. A travers ses activités d’investissement, d’incubation et de conseil, INCO soutient les entreprises innovantes, futurs leaders de l’économie de demain. Le groupe forme et accompagne également vers l’emploi tous ceux qui souhaitent travailler au sein de cette nouvelle économie. Nicolas est diplômé d’HEC et de Sciences Po Paris. Fondateur de l’événement Impact², il est lauréat du prix Montgolfier (Comité des Arts économiques) et a été élu en 2015 « Young Global Leader » par le World Economic Forum. Il a été par ailleurs élu Young Global Leader par la French American Foundation en 2016 et par la Franco British Foundation en 2017. Il a publié en 2019 « Appel à la guérilla mondiale » (Débats Publics), un manifeste pour une révolution écologique mondiale et, en 2021, “Le bonheur est dans le village” (Flammarion), un plaidoyer en faveur des solutions issues de nos campagnes et qui changent le monde. Il a été nommé en 2020 Conseiller spécial en charge de l’économie sociale et solidaire auprès de la Présidente de la Commission européenne.