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L'Entrepreneuriat n'est pas un long fleuve tranquille

L'Entrepreneuriat n'est pas un long fleuve tranquille

Le 14 février 2023

Entrepreneure et membre du conseil d’Administration de la Fondation Entreprendre, Sonia Roquette aborde le sujet de la difficulté entrepreneuriale et de l’échec.

Engagée sur le sujet en étant que référente du programme [RE]AGIR de la fondation, elle nous partage son point de vue et ses convictions.

Comment abordez-vous le sujet la difficulté entrepreneuriale ?

Sonia Roquette : En réfléchissant à la difficulté de l’entrepreneuriat et pour l’avoir expérimenté, j’ai pu constater que l’entrepreneuriat n’était surement pas un long fleuve tranquille… mais qu’il s’apparentait plutôt à une aventure sur le fleuve Amazone !

Je vais donc pousser la métaphore. On ne connait pas très précisément l’endroit où le fleuve Amazone prend sa source, mais on sait que c’est quelque part dans la Cordillères des Andes, vaste territoire accidenté et difficile par nature. Qu’est ce qui nous pousse donc à entreprendre ? sans doute le goût de l’aventure et l’envie de tracer sa propre route.

Ce qui est certain, c’est que le fleuve Amazone joue un rôle majeur dans les régions qu’il traverse, sur le plan économique, social et écologique, tout comme l’entrepreneur qui joue un rôle fondamental dans notre société. Il crée des emplois, de la richesse économique et sociale tout en étant porteur de valeurs.

Ce très long fleuve, d’une puissance incroyable, est sujet à de nombreuses fluctuations avec ses méandres et son climat changeant au fil de la saison sèche ou des pluies. S’il arrive que ses méandres nous conduisent dans des endroits inattendus et plein de surprises, ils nous font également traverser des terres particulièrement hostiles. Il se peut alors qu’on prenne une direction qui ne mène nulle part. Il faudra parfois donc se résigner à mettre fin à cette aventure, à marquer une pause, pour peut-être trouver un guide qui nous remettra sur un autre affluent…Malgré ces difficultés, c’est l’expérience qui est passionnante. L’aventure vaut donc le coup d’être tentée, même si elle doit s’arrêter de façon prématurée.

Il en va de même pour l’entrepreneuriat. Dans le cadre de chemins parfois tumultueux, il me semble très important de ne pas rester seul, que ce soit en période de succès pour pouvoir le partager et continuer d’avancer, mais également dans les périodes plus difficiles, au cours desquelles l’estime de soi est mise à mal.

 « Il faut travailler et réfléchir sur la notion d’échec. »

Je ne suis pas convaincue qu’il faille absolument échouer pour réussir. En revanche, je pense qu’il faut travailler et réfléchir sur la notion d’échec…Déposer le bilan d’une entreprise n’est évidemment pas un objectif souhaitable, mais il faudrait mettre dans la balance tout ce qui a été généré avant d’arrêter une activité, et pouvoir ainsi relativiser, ne pas oublier tout ce qui a été accompli, apprendre à voir le verre à moitié plein.

Il est essentiel de ne pas rester seul, de trouver la bonne personne qui va vous aider à passer un cap difficile, et à rebondir d’une façon ou d’une autre. C’est déjà une réussite en soi de savoir faire preuve d’humilité.

En tant que référente du programme [RE]AGIR, qu’en avez-vous retiré ?

Sonia Roquette : A la Fondation Entreprendre, j’ai choisi de devenir référente du programme [RE]AGIR. Il a permis de structurer un écosystème associatif pour aider celles et ceux qui rencontrent des difficultés entrepreneuriales et, celles et ceux qui souhaitent rebondir après un dépôt de bilan.

J’ai pu constater l’engagement sans faille des associations : Crésus, 60 000 rebonds et Second Souffle, soutenues par le programme. Personnellement, cela a conforté ma confiance en la nature humaine, principalement en cette capacité à se mobiliser pour aider son prochain.  C’est un souffle d’énergie réellement encourageant !

Etonnamment, la difficulté pour ces associations est de se faire connaitre auprès des entrepreneurs. Il faut reconnaître que de parler d’un échec ou de difficultés n’est pas une démarche spontanée et qu’il est encore difficile de parler de sujets parfois douloureux.

Il y a un réel enjeu de sensibilisation aux difficultés entrepreneuriales à développer sur notre territoire, ne serait-ce que de partager sa propre d’expérience auprès d’autres entrepreneurs.

Il faudrait le faire au moment de la création : lorsqu’un enfant nait, on n’a pas du tout envie de recevoir la carte de visite d’un bon médecin ou d’un hôpital, et pourtant, le fait d’avoir ces informations est rassurant et on sait qui joindre au cas où…

Quels messages souhaitez-vous adresser à celles et ceux qui passent un cap compliqué ?

Sonia Roquette : Je vais terminer en revenant sur le mot Amazone. C’est aussi un nom mythique qui fait référence à cette tribu de femmes qui se battaient dans l’antiquité au nom de l’égalité femme-hommes et pas uniquement sur le plan guerrier !  Cela demandait beaucoup d’humilité, de courage, d’audace, de confiance en soi pour ne pas avoir peur de l’adversité ! Entreprendre, passer un cap difficile et rebondir font appel à ces valeurs, il faut être constamment en mouvement, toujours vouloir apprendre pour avancer et laisser l’empathie et la générosité nous guider. Si aujourd’hui la part des entrepreneurEs progresse, il y a encore beaucoup de place pour toutes les guerrières que sont les femmes, dont on connaît la puissance de résilience !

C’est une aventure passionnante, à vivre, à partager et à encourager, c’est une des missions que s’est fixée la Fondation Entreprendre !

Sonia Roquette, entrepreneure et membre du Conseil d'Administration de la Fondation Entreprendre
Sonia Roquette, entrepreneure et membre du Conseil d'Administration de la Fondation Entreprendre