Faire un don (nouvelle fenêtre)
Faire un don

Grand Angle

Grand Angle

Le 22 mars 2024

Face aux défis environnementaux, l’entrepreneuriat peut devenir l’un des leviers essentiels pour bâtir une société plus durable et inclusive. L’entrepreneure Sarah Dubreil et la chercheuse Valérie Brunel nous expliquent comment le modèle régénératif peut conduire vers un entrepreneuriat souhaitable.

Une activité est régénérative lorsqu‘elle préserve ou augmente la vitalité des systèmes vivants qu’elle mobilise, lorsque qu’elle réinvestit son lien au vivant. On ne peut être régénératif qu’en écosystème avec des milieux naturels, des communautés humaines.

Nous avons déjà dépassé 6 des 9 limites planétaires1. Face à cette réalité, il ne suffit pas de simplement réduire notre impact. Il est nécessaire de réintégrer notre activité au sein des systèmes naturels, en cherchant à aller un pas plus loin. Nous devons envisager comment évoluer en symbiose avec le vivant, en pensant de manière systémique.

De nombreuses associations et entrepreneurs sociaux effectuent déjà un travail de régénération des hommes et des milieux naturels, souvent en marge de l’économie conventionnelle. Ils et elles produisent en agro-écologie les légumes que nous consommons, consolident les liens humains de quartiers en difficulté, re-naturent nos villes pour prévenir les canicules, … L’enjeu de l’économie régénérative est de faire basculer le cœur de l’économie conventionnelle vers un impact net régénératif sur le vivant.

Il s’agit tout d’abord est de repenser les valeurs et la vision du monde de l’entreprise. Il est primordial pour les entrepreneurs d’examiner leur relation avec le monde plus largement, et leur alignement.

Cela implique de se poser des questions essentielles : Comment pouvons-nous intégrer ce souci du vivant au cœur même de notre projet d’entreprise : notre gouvernance, notre façon d’être ensemble, nos activités ? Comment notre entreprise contribue-t-elle à l’amélioration ou à la dégradation des territoires et communautés au cœur desquels nous vivons ? Comment contribue-t-elle au bien-être et à l’alignement de ses propres équipes ? Comment pourrait-elle aider le système économique dans lequel elle agit à devenir plus régénératif ?

Le message clé à transmettre est de penser de manière systémique, en considérant le vivant dès le début du projet entrepreneurial. En France, des changements au niveau des cadres de l’entreprise commencent à se manifester, notamment avec la loi Pacte, le concept de droit de la Nature, la comptabilité multi-capital, ou encore la multiplication des fondations actionnaires.  C’est aussi une attention forte à la culture d’organisation, et à une façon équilibrée d’être en relation avec son écosystème.

La transition vers un équilibre plus favorable est un processus qui nécessite du temps. Il est impératif que nous jouions tous un rôle actif dans ce changement. S’emparer des approches régénératives dès maintenant, c’est éviter d’investir des moyens et du temps dans des solutions menant à de la maladaptation. En nous impliquant activement, nous pouvons contribuer à la création d’entreprises régénératives. Alors, engageons-nous tous ensemble dans cette transformation pour un avenir plus durable et plus équilibré !

1le changement climatique ; l’érosion de la biodiversité ; la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore ; le changement d’usage des sols ; le cycle de l’eau douce ; l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère ; l’acidification des océans ; l’appauvrissement de la couche d’ozone ; l’augmentation de la présence d’aérosols dans l’atmosphère.

Valérie Brunel et Sarah Dubreil ont co-écrit un livre blanc « L’économie régénérative et les entreprises : qu’en dit la recherche ? » avec le soutien de BPIFrance.

A propos de Sarah Dubreil

Sarah Dubreil travaille à définir des chemins plus souhaitables vers l’entrepreneuriat systémique et régénératif. Elle a auparavant été investisseur en capital-risque et intrapreneur (co-fondatrice de la carbontech origins.earth) dans le secteur de l’environnement au sein de Suez pendant plus de 10 ans. Elle collabore depuis 3 ans avec HEC et le Club de Rome sur les approches systémiques et régénératives, ainsi qu’avec des incubateurs comme La Ruche.

A propos de Valérie Brunel

Chercheuse en sciences humaines autour des questions du changement depuis 1997, Valérie Brunel travaille sur la recherche de leviers de transformation pour qu’un système qui devient inadapté retrouve de la cohérence à son contexte. Elle est également coach formatrice auprès des entreprises et de ses dirigeants pour les accompagner au changement systémique.