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GRAND ANGLE

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Le 22 septembre 2025

En France, nous avons un formidable tissu associatif doté d’une diversité et d’un engagement sur le terrain remarquables. Mais le contexte social, économique, politique et démocratique concourt à sa déstabilisation. Il y a urgence à préserver cette fierté française qui compte 1,8 million de salariés et 20 millions de bénévoles. Entretien avec Claire Thoury, Présidente du Mouvement Associatif.

Claire Thoury : Pour bien comprendre l’état de santé actuel du secteur associatif, il faut revenir sur l’évolution de la nature de ses financements. Depuis 20 ans, les subventions publiques ont presque baissé de moitié pour laisser place à la commande publique, on est passé de 34% à 20% de subventions. La commande publique génère une mise en concurrence du secteur associatif, une compétition qui n’est pas toujours saine. De plus, les exigences et les contraintes administratives sont lourdes, cette pression repose bien trop souvent sur l’engagement des bénévoles, peu formés à ces exigences. Rappelons que les associations sont composées à 90% de bénévoles. Autre facteur clé qui pèse sur le secteur associatif, le contrat d’engagement républicain. En vigueur depuis 2022, il remet en question la liberté associative. On passe de la confiance à la défiance, cela ajoute une pression et un poids supplémentaires sur les épaules des associations. Enfin, le cumul des crises (la baisse des adhésions, l’inflation, les instabilités politiques et démocratiques…) concourt à la déstabilisation globale du secteur.

Claire Thoury : Il y a un enjeu à pérenniser profondément le secteur associatif. C’est une responsabilité citoyenne de penser le financement de l’action associative dans son socle. C’est une brique manquante qui génère insécurité et dépendance. Par exemple, comment un dirigeant associatif peut-il répondre au dilemme de laisser des bénéficiaires ou des collaborateurs sur le côté par manque de moyens financiers ? Les associations ont aussi besoin d’être soutenues dans leur besoin structurel.

Nous sommes face à une injonction contradictoire puisque l’on nous demande de faire face à plus de besoins avec moins de moyens. Cela ne peut plus durer.

Nous avons la chance d’avoir un secteur associatif riche par la diversité de ses missions. On compte 1,4 million d’association en France, c’est l’une des fiertés françaises depuis 1901, il faut qu’elle le reste.

Claire Thoury : Ce qui est intéressant dans le rôle d’une fondation, c’est sa liberté dans l’octroi de ses financements et la relation de confiance qu’elle bâtit avec les acteurs qu’elle soutient. Le poids administratif s’allège si la fondation le décide et c’est une très bonne chose pour le secteur associatif. Cette générosité n’est pas conditionnée aux résultats. Il est tout à fait normal de rendre compte, mais financer une structure associative c’est choisir la confiance d’une expertise et d’un savoir-faire sur le terrain. L’un des plus beaux retours, c’est l’innovation qui en découle.  

Dans cette période morose, de tempête démocratique, d’essoufflement politique en France et dans ce tumulte permanent, on peut se réjouir que 20 millions de français donnent chaque année de leur temps en faveur d’une cause. Chaque année, ce sont 70 000 associations qui sont créées. Il y a des opportunités immenses et il ne faut surtout pas enfermer ou empêcher cette capacité d’agir.

Nous avons la chance d’avoir un formidable tissu associatif et nous appelons, le 11 octobre prochain, à nous mobiliser en faveur d’un sursaut citoyen. Tout le monde est concerné par le secteur associatif. Nous connaissons toutes et tous dans notre entourage, une personne, un parent, un voisin qui est, soit engagé au sein d’une association ou qui en est bénéficiaire. Rappelons que ce qui concerne le monde associatif concerne la société tout entière.