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Entretien avec Barthélémy Guislain

Entretien avec Barthélémy Guislain

Le 5 octobre 2022

L’entrepreneuriat en trois mots : Responsabilité, faire ensemble et plaisir !

Barthélémy Guislain, Président de l’AFM (Association Familiale Mulliez) croit profondément au pouvoir d’agir de la jeunesse et en sa créativité entrepreneuriale pour faire bouger les lignes de notre société. Il nous partage ses convictions et sa vision.

Fondation Entreprendre – La jeunesse est un enjeu crucial pour la construction de notre avenir, quel rôle majeur peut jouer l’entrepreneuriat pour permettre aux jeunes de trouver leur place dans notre société ?

Barthélémy Guislain : Parler d’entrepreneuriat et de jeunesse est presque un acte de foi indispensable ! C’est la jeunesse qui est à même de relever les défis environnementaux et sociétaux qui nous entourent. C’est le potentiel qu’elle détient qui est intéressant. Malheureusement, elle est peu écoutée et nous ne faisons pas assez attention à elle. Les entreprises ont un rôle à jouer, celui de mettre ces jeunes en responsabilité notamment sur de vrais enjeux : les jeunes doivent être considérés comme un maillon essentiel de la vision de l’entreprise ! Il est important que les entreprises ne suscitent pas le rejet du « monde du travail », surtout à un moment où les jeunes sont en quête de sens dans leur parcours professionnel.

A l’heure où les médias, le monde politique et même les grandes entreprises les plus vertueuses, sont sources de doutes et de défiance, l’entrepreneuriat est une voie qui séduit les jeunes. Il leur permet d’éprouver leurs idées et de porter leurs propres convictions. On constate qu’ils se lancent plus facilement à plusieurs et de moins en moins seuls. L’esprit d’entreprendre est toujours présent, mais il est plus ouvert sur le collectif.

Enfin, il est essentiel que notre génération puisse être un lieu de passage pour libérer leur créativité et leur potentiel, notamment au regard de sujets que nous appréhendons moins bien, comme par exemple, le web3.0 et l’économie régénérative.

Fondation Entreprendre – Comment l’entrepreneuriat peut devenir un levier de développement des territoires français les plus fragiles ?

Barthélémy Guislain : Le profil des territoires fragiles est multiple. Ce sont des territoires souvent ruraux, isolés par manque d’opportunités, de formation, de services… mais ce sont aussi des quartiers populaires difficiles où les conditions favorables à une dynamique économique et sociale ne sont pas réunies. Il en va de notre responsabilité d’aller à la rencontre de ces territoires et de redonner du sens à la proximité.

Et l’entrepreneuriat peut justement être un levier de mise en responsabilité des individus par l’emploi. Les habitants de ces territoires sont les mieux placés pour penser des projets utiles localement et ils débordent d’énergie et de créativité ! Mais ils doivent pouvoir trouver appuis sur les acteurs locaux (publics et privés) pour réussir à se lancer. Je crois beaucoup à l’entraide entre acteurs pour agir dans les territoires, le prérequis à une collaboration réussie est que chacun y trouve son utilité et donc du plaisir !

En remettant l’écoute et le dialogue au cœur des priorités, nous pourrons rapprocher les plus éloignés, créer une société meilleure et plus ouverte. L’entrepreneuriat et l’entreprise peuvent créer de nouvelles conditions d’échanges pour aller plus loin ! On constate déjà des initiatives en ce sens avec la création de comités des parties prenantes dans les entreprises, même si cela doit aller plus loin. Enfin agir de manière collective c’est aussi savoir s’ouvrir à la diversité qui est un sujet clé pour les entreprises.

Fondation Entreprendre – Nous menons actuellement une démarche prospective collective de l’Entrepreneuriat souhaitable en 2040, quelle serait votre vision d’un entrepreneuriat souhaitable d’ici une vingtaine d’années ?

Barthélémy Guislain : Les entreprises les plus utiles et donc les plus performantes viendront des plus jeunes, elles seront mieux armées car elles auront bien compris et appréhendé les évolutions de notre société. Le rôle de l’accompagnement sera clé pour ces jeunes structures. Un binôme ou une équipe intergénérationnelle pourrait être l’une des pierres angulaires de l’entrepreneuriat utile la société de 2040. L’expérience au service de la créativité !

Je pars du principe que la société sera décarbonée dans 20 ans et que l’entrepreneuriat souhaitable en 2040 répondra aux besoins des hommes et femmes de 2040 ! Ce serait un entrepreneuriat collectif, de partage, l’entreprise serait un réel tiers de confiance pour le citoyen, le « consommateur responsable ». Nous pourrions même envisager des coalitions entre acteurs entreprises agissant sur des sujets complémentaires afin de renforcer leur utilité commune à la société.

Les formations incluront l’entrepreneuriat pour continuer de donner l’envie d’entreprendre, les témoignages d’entrepreneurs seront de plus en plus prégnants, et la vocation intacte ! Ce que portait déjà André Mulliez à la genèse de la Fondation Entreprendre sera encore vrai dans 20 ans !